10/06 037°00,44’N / 008°51,80’W > Portimao

JOUR 15

Je me fais réveiller à 5h du matin par Ann : j’étais super bien sous ma couette donc j’ai pas envie de me lever, mais en même temps je leur suis reconnaissante de ne pas m’avoir réveillé pendant la nuit ! Ils ont assuré les quarts à deux, donc j’essaie de faire bonne figure au réveil.

Ouais j’avoue c’est pas évident…

Lorsque la nuit tombe on active le mode nuit sur les écrans, ça permet de ne pas être ébloui et d’avoir une bonne vision nocturne sans que l’œil n’ait à se réhabituer à l’obscurité.

Le petit bateau blanc au milieu c’est nous, les lignes blanches c’est les profondeurs, et les points rouges c’est ce que détecte le radar (ça peut être une bouée, un bateau, une vague…)

J’enfile une polaire, une doudoune, un bonnet, je me prépare un thermos, et c’est parti ! Le jour commence à poindre doucement, la lumière est sublime, j’adore ces moments là.

Quand je suis de quart et qu’il n’y a vraiment rien à faire (pas de bateaux autours, trop de profondeur pour qu’il y ait des bouées de casier, pas de vent donc pas de voiles à gérer…) je prends des tas de photos, de moi, du bateau, de la mer… Et en ce moment je m’amuse à prendre des photos de mon Duperré, j’essaie de faire un peu de pub pour la coutellerie avec des jolies photos.

Le soleil s’est levé, on longe la côte, les mots me manquent pour décrire comment c’est beau ! Les couleurs sont magnifiques, et je suis super bien dans le fly.

Quand je prends mon quart j’aime bien regarder le journal de bord, le « log book », pour savoir ce qu’il s’est passé pendant la nuit. On y consigne la vitesse et direction du bateau, du vent, le régime des moteurs, et tout ce qui est important.

Je vous laisse trouver le détail important de la nav !

J’avais eu comme consigne de réveiller Peter lorsqu’il ne restera qu’1h30 de route, j’ai donc de la compagnie pour la fin de la nav. Il y a des bouées partout, il faut vraiment être vigilant, et je n’ose pas trop prendre le contrôle vu que Peter est juste à côté de moi. A un moment il n’y a pas le choix, il faut se dérouter il y a une grosse culture marine juste devant nous, j’attends qu’il réagisse, mais non il ne bouge pas. « Qu’est-ce que tu ferais ? » Ben, je mettrais le pilote en stand by et je prendrais la barre pour éviter le danger, non ?

Il me dit ça d’un ton un peu paternaliste, c’est marrant, mais je ne suis toujours pas très à l’aise avec le fait de barrer avec lui à côté.. Mais bon, pas le choix !

J’essaie de garder une trajectoire droite, mais c’est tout nul à barrer un bateau comme ça ! Et bonjour la pression avec le proprio à côté !

Il reste 29min avant d’arriver, il n’a pas l’air disposé à réveiller Ann, ou à me dire quoi faire. Bon bah allez, initiative, je prépare les amarres, les pare-battages, tout est prêt pour notre arrivée à Portimao, j’ai checké avec lui dans le guide pour déterminer de quel côté nous serons amarré, il est toujours en mode tuteur et il a l’air satisfait, c’est marrant.

Les conditions sont super paisibles, le chenal longe des zones de mouillage. Une fois dans l’avant-port je vais réveiller la skipper, l’amarrage se passe en douceur, impeccable nickel chrome !

On prend un petit déjeuner en attendant que la marina ouvre, il est tôt mais il fait déjà super chaud ! Après c’est toujours la même routine : check-in à la marina, clearance avec les passeport, on nous attribue une place, on se soucie de l’eau, l’élec et le wifi, et ensuite il nous faut déplacer le bateau (souvent le ponton accueil ne sert que d’amarrage provisoire).

Une fois amarrés, ils filent à la marina s’occuper du check-out auprès de la douane (on part demain avant l’ouverture des bureaux si j’ai bien compris) pendant que je m’occupe de nettoyer le bateau (karsher de la bôme à la coque !).

Lorsqu’ils reviennent, le bateau est nickel, je n’ai pas chômé. Peter veut nous inviter au restaurant, alors on y va, il commence à faire faim !

Nous allons déjeuner à O’Farol, la traduction française de la carte est rigolote. Je prends de la sole grillée et de la sangria bien fraîche pour arroser ça.

Retour au bateau, je suis assommée par la digestion, la chaleur et la sangria, et comble du comble je me rend compte que j’ai un peu cramé du dos… Bon bah les plans de balade et visite des grottes passent à la trappe, je m’écroule dans ma cabine avec le ventilo à fond, et finalement c’est très bien aussi comme aprèm !

Hé hé, ça correspond pile à la zone que je ne peux pas atteindre toute seule avec la crème solaire

A 18h30 je suis à peu près opérationnelle, je me pomponne car nous allons en annexe au restaurant de l’autre côté du bras de rivière !

L’amarrage de l’annexe est vraiment drôle, il faut lui trouver une place de façon à ce qu’elle ne se pose pas à marée basse, qu’elle ne rague pas contre le quai, qu’on ne gêne pas les autres... ça nous prend bien 15min avant que le boss ne soit satisfait !

Nous partons à la recherche du restaurant Fim del Mundo, qui s’avère complet lorsque nous le trouvons, ça nous aura fait faire une charmante promenade dans le village de … .

Tous les restaurants sur le quai sont complets, alors on se pose à la terrasse du Amigos. Ce soir on dîne tapas en buvant du vin portugais, et en papotant avec la serveuse : une jeune australienne qui a pas mal vadrouillé.

Ils sont adorables ils font que me répéter que c’est moins bon et moins joli que ce que je leur cuisine à bord !

Peter souhaite revenir au bateau avant la nuit, soit, retour à l’annexe. Cette dernière est descendue avec la marée, et se retrouve avec le moteur envasé… Bon bah j’y vais hein, vous comprendrez qu’il n’y a pas de photos de la scène, mais en gros je désescalade le quai sur les pneus accrochés en guise de pare-battage, je glisse en voulant sauter sur l’annexe, et me retrouve dans la vase jusqu’aux genoux… Qui c’est qui va nettoyer l’annexe ? En tout cas c’est fini les robes dans le dinghy !

De retour au bateau on remonte l’annexe sur la plateforme pour être prêt à partir demain matin tôt, et on se pose dans le fly pour boire un dernier coup avant de dormir. Pour lui ça sera du scotch, pour elle du rosé et pour moi une petite bière.

Je passe quelques coups de fil, et je suis tellement bien dans le fly que je m’enroule dans un duvet et m’endors perchée là-haut. Bonne nuit !