03/06 - 039°12,735'N / 009°27,838'W > Cascais

JOUR 8

J'éteins la lumière à minuit donc, après mes moults coups de fil avec la terre, et à 00h05, Peter me réveille pour que je le remplace... fuck ! Pas le choix, je me rhabille, j'avale deux cafés bien noirs, et je prends ma place dans le fly. On approche petit à petit.

Où sont les waypoint ? Où est le bateau ? Où est Lisbonne ?

Sur bâbord je vois la côte pleine de lumière, et sur tribord je vois un spectacle pour le moins étonnant : le feu de navigation tribord (vert) semble attirer des volatiles marins (au hasard je dirais que c'était des goëlands mais en vrai j'en sais rien !), ils passent tout près de la lumière de l'avant vers l'arrière du bateau, puis il reviennent et recommencent. C'est super bizarre, et ça m'a valu quelques coups de flip au début parce que ça fait de la lumière d'un coup quand ils passent près, moi qui guette les bateaux ça ne va pas pour me rassurer !

Les feux de navigation à l'avant du bateau : rouge à bâbord, vert à tribord. Et la tâche verte tout à droite c'est un oiseau qui passe tout près !

On navigue sous genoa seul, mais on fait une moyenne de 7-8 nœuds de vitesse, je trouve ça dingue ! Quand je suis de quart, je fais une ronde sur le bateau toutes les 20min pour faire un check d'ensemble, la vue est assez vite limitée dans le fly.

Le génoa (ou génois), éclairé par le feu de pont

Pendant une de mes rondes j'aperçois dans la nuit les formes fuselées de dauphins qui nous escortent ! C'est encore plus magique sous les étoiles ! Je les entends et les devine plus que je ne les vois, c'est bête mais je me sens protégée, soutenue pendant ma veille.

La lune se lève en fin de nuit, dernier quartier, elle est énorme et elle est rousse, j'ai tenté une photo mais elle ne lui rend pas hommage !

Vu en vrai c'était sublime !

A 4h, on est proche du waypoint, il va falloir empanner le génois (= le changer de côté), alors je vais réveiller Annie (avec le pilote qui fait des siennes je ne me sens pas de faire la manœuvre seule ! L'empannage se passe nickel, il faut enrouler la voile, faire tourner le bateau dos au vent, et dérouler la voile de l'autre côté, et le tout sans allumer les moteurs. Une fois la manœuvre effectuée, je vais gratter quelques heures de sommeil avant l'arrivée à Lisbonne, là tout de suite je n'ai pas sommeil (le café fait encore effet), mais je sais que ça va piquer demain matin.

Mon équipement de survie pour les quarts de nuit : une doudoune en plumes, un gilet de sauvetage, une frontale (il faut faire à ne pas se refroidir, le quart peut sembler très long autrement)

Je suis réveillée à 6h, apparemment on approche de Cascais. Wait, what ? On était pas censé aller à Lisbonne ?! Ok, je m'habille et je monte sur le pont, quand je dis on approche en fait on est quasiment dans l'avant port !

Approche du port de Cascais. Après la digue, tournez à gauche !

Il faut mettre les pare-battages et les amarres du bon côté (on avait préparé sur bâbord, finalement c'est sur tribord, bon, soit), la manœuvre est facile, et apparemment on est à cet emplacement uniquement le temps de faire le check-in à la marina, donc pas besoin de déployer l'eau et l'électricité pour le moment.

On est amarré au ponton gazole, tout près d'un ponton avec des bateaux de course (des figaros ?), et pas très loin des IMOCA, apparemment il y a une course bientôt, je vais aller à la pêche aux infos.

Après infos : c'est la Volvo Race

Le truc c'est qu'il est 6h du matin, et que la marina n'ouvre qu'à 9h ! Annie et Peter vont se coucher, moi je me pose dans le fly, il fait beau, la vue est belle.

Un mélange de course, tourisme, pêche, plaisance...

A 9h on se rend à la marina pour le check-in, à chaque fois il faut apporter les passeports, les papiers du bateau, de l'assurance, les contrats... C'est long, mais nécessaire. Je les accompagne pour voir comment ça se passe, c'est de la paperasse quoi, mais c'est toujours drôle de voir Annie à l'œuvre avec les gens.

Une fois la paperasse terminée, on déplace le bateau à la place attitrée : place K13 ! On a droit à l'aide du zodiac du port pour pousser, et je me plie à leurs caprices pour l'amarrage (je n'approuve pas du tout la façon d'Annie d'amarrer le bateau, de frapper les taquets, mais bon.. j'exécute). Ensuite c'est le même branle-bas de combat : raccorder l'eau, brancher l'élec, vérifier que tout fonctionne, puis ménage !

Là c'est le moment où je les vois dégainer leurs scooters pour aller visiter Cascais, et je comprends que je vais me taper le cleanage toute seule.. Relou.. Je passe le karsher, je brosse le pont au savon, je rince, je déssale la coque, je nettoie les vitres et les bâches du fly, les hublots, j'enlève les traces d'eau de tous les inox, je traque les tâches de gras sur le pont en teck, je love les bouts proprement, j'arrange les coussins, j'enlève les traces de doigts sur les écrans... je pourrais continuer la liste encore un moment ! Pour des raisons d'efficacité, il n'y a pas de photos de ces moments. J'apprends à mettre mon égo de côté, j'assume pas trop de faire le nettoyage sur le bateau, les équipages alentours me regardent, je les imagine me juger... Tant pis, je bosse moi !

Je m'arrête tout de même pour aider un cata à s'amarrer, chouette des nouveaux voisins ! Croates apparemment, des jeunes qui me proposent de boire une bière, alors j'expédie le clean, et après je suis off ! Je rencontre donc Josip, Dominik et Elvis, la trentaine, qui convoient un Lagoon 46 en Croatie, et qui ont l'air... festifs !

Ils se joignent à moi pour aller se promener dans Cascais, ce port est magnifique ! Il y a des petites ruelles, des magasins partout, c'est beau, c'est vivant, c'est coloré, et il y a des plages de ouf !

Elles sont vraiment bizarres leur mouettes ici...

Après la balade, j'attaque la soirée avec les voisins... N.B à moi-même : ne pas essayer de suivre la cadence de soirée des gens de l'est. Jamais. Never !

On enchaîne les "dum dum" (aka tequila paf), et après on va boire des coups sur la plage, Cascais de nuit c'est magnifique aussi !

ça c'est cadeau, je me suis rendue compte de cette photo 2 jours après ! Il commençait à faire tard...

Le plus compliqué à 5h du matin, c'est de réussir à marcher à pas de velours sur le pont, car le propriétaire dort juste en dessous ! On verra demain si j'ai vraiment été aussi discrète que je le pense..